L'utilisation des mesures de contrôle en quête de sens

Retour sur la journée de formation croisée

Le 10 novembre 2015 étaient rassemblés à l’Institut universitaire en santé mentale Douglas des intervenants, cliniciens, gestionnaires, éducateurs et chercheurs provenant de champs et de secteurs diversifiés dans le cadre d’un programme de formation et d’échanges sur l’utilisation des mesures de contrôle.

L’événement rassemblait…

des universitaires, gestionnaires, infirmiers(ères), pyschoéducateurs, patients-partenaires, membres de la famille, travailleurs sociaux, psychologues, intervenants, éducateurs, physiothérapeutes, préposés aux bénéficiaires, enseignants, formateurs, ergothérapeutes, criminologues, policiers, avocats et autres, provenant de divers secteurs, tels que : psychiatrie, enseignement, gériatrie, services correctionnels, centres jeunesse, centres de réadaptation, droit, soins généraux, SPVM, ressources d’hébergement, associations de parents, associations de patients, organismes communautaires, et autres…

Une journée complète

114 participants
8 présentations
11 tables intersectorielles

Merci à tous les participants, conférenciers, volontaires et partenaires qui ont contribué à l’organisation et au bon déroulement de cette journée.

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Conférences et présentations

Des conférenciers ont présenté, en matinée, l’état des connaissances sur les programmes de réduction des mesures de contrôle et le modèle des Safewards. En après-midi, des conférenciers-panélistes ont présenté en rafale des réflexions sur des thèmes variés. Vous pouvez télécharger les présentations et accéder à des compléments d’information.

Ateliers intersectoriels

Trois vignettes de cas présentés sous forme de vignettes ont fait l’objet de discussion et les participants ont pu échanger sur les perspectives et les pratiques. Nous avons échantillonné et condensé certaines réflexions qui en sont ressorties. Vous pouvez consulter le sommaire des échanges et télécharger le récapitulatif.

Animation

La journée a été animée par Anne Crocker, Ph.D., chercheuse au Centre de recherche de l’Institut universitaire en santé mentale Douglas (CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal), professeure agrégée à l’Université McGill et directrice de l’équipe VISEV.

Mot de bienvenue

Renée Proulx, Ph.D., Directrice adjointe aux affaires universitaires et à la recherche – secteur social, au CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal, a prononcé un mot de bienvenue pour donner le coup d’envoi à la journée de formation. Elle fait également partie des membres réguliers de l’équipe VISEV.

Objectifs de la journée de formation

La formation croisée, L’utilisation des mesures de contrôle en quête de sens, proposait de jeter un regard réflexif sur l’encadrement des mesures de contrôle et de la gestion des comportements agressifs. Elle avait pour but de sensibiliser les équipes soignantes et d’intervention et les autres personnes concernées sur le sens des comportements agressifs et de la réponse aux comportements.

Peu d’initiatives, en termes de formation, ont une vocation multisectorielle et multidisciplinaire s’adressant aux comportements agressifs et aux mesures de contrôle dans un sens élargi en tant que tel. La formation croisée est une approche visant rassembler des professionnels, intervenants, éducateurs, gestionnaires et autres acteurs autour d’une thématique spécifique afin d’améliorer le fonctionnement des services en réseau. Le but n’était pas d’apprendre à effectuer le travail à la manière d’autres professionnels mais plutôt de favoriser la collaboration entre les acteurs concernés afin d’assurer un continuum de services et de soins à la clientèle.

Contexte

En 2002, le ministère de la Santé et des services sociaux du Québec (MSSS) publiait un rapport intitulé : Orientations ministérielles relatives à l’utilisation exceptionnelle des mesures de contrôle : Contention, isolement et substances chimiques. Dans ce rapport, le MSSS voulait transmettre à l’ensemble de ses intervenants des balises claires applicables à tous les clients du réseau et voulait également définir une philosophie d’intervention fondée sur le respect de la personne et sur la relation d’aide.

L’objectif de ces orientations ne se limite pas à encadrer l’utilisation des mesures de contrôle, mais d’en arriver à réduire, voire à une éliminer ces pratiques. Toutefois, le reconnait qu’il est parfois difficile d’éviter de recourir à de telles mesures. C’est pourquoi il recommande de n’utiliser la contention, l’isolement ou les substances chimiques qu’en dernier recours et dans un contexte de risque imminent.

En se basant sur la loi 118.1 (L.R.Q., chapitre S-4.2) stipulant que : «La force, l’isolement, tout moyen mécanique ou toute substance chimique ne peuvent être utilisés, comme mesure de contrôle d’une personne dans une installation maintenue par un établissement, que pour l’empêcher de s’infliger ou d’infliger à autrui des lésions. L’utilisation d’une telle mesure doit être minimale et exceptionnelle et doit tenir compte de l’état physique et mental de la personne.», le MSSS définissait la contention, l’isolement et les substances chimiques de la façon suivante (MSSS, 2002, p.14) :

Contention

Mesure de contrôle qui consiste à empêcher ou à limiter la liberté de mouvement d’une personne en utilisant la force humaine, un moyen mécanique ou en la privant d’un moyen qu’elle utilise pour pallier un handicap.

Isolement 

Mesure de contrôle qui consiste à confiner une personne dans un lieu, pour un temps déterminé, d’où elle ne peut sortir librement.

Substances chimiques 

Mesure de contrôle qui consiste à limiter la capacité d’action d’une personne en lui administrant un médicament.

 

Plus récemment, le MSSS précise qu’il convient de s’interroger sur le but visé par l’intervention afin de déterminer s’il s’agit ou non une mesure de contrôle (MSSS, 2015). Il ajoute que le recours aux mesures de contrôle doit s’inscrire dans un cadre thérapeutique et non pour punir, intimider ou corriger une personne, modifier l’un de ses comportements ou pour répondre à des contraintes organisationnelles. Autrement dit, le manque de temps, le manque de personnel ou la présence de comportements dérangeant ne peuvent justifier l’usage de mesures de contrôle au détriment de mesures moins contraignantes et plus respectueuse de la personne (MSSS, 2015).

Des études révèlent néanmoins un nombre élevé de cas où des mesures de contrôle sont utilisées de façon abusive et inappropriée (voir les rapports annuels du protecteur du citoyen au cours des dernières années). En effet, la littérature révèle une grande variabilité du taux de prévalence d’une étude à l’autre. Il varie de 4% à 25%, selon les milieux et selon la définition que donnée aux mesures de contrôle. Par exemple, une étude réalisée en milieu psychiatrique estime que près de 25% des patients auraient éprouvé, lors de leur hospitalisation, l’utilisation de mesures de contrôle (Dumais et al., 2011). La situation est similaire en déficience intellectuelle (Mérineau-Côté et Morin, 2013), en gériatrie (Ferland et al.,2012) et en centre jeunesse.

La formation croisée : une approche éprouvée

La formation croisée est une approche de plus en plus utilisée permettant aux participants provenant de réseaux diversifiés de partager leurs connaissances et d’échanger sur leurs pratiques autour d’une thématique donnée. Permettant à la fois la mise en réseau, de se familiariser avec les ressources disponibles et les pratiques en usage sur le territoire comme ailleurs, cette approche sied particulièrement au contexte des soins et des services dispensés envers les populations touchées par des problèmes de santé mentale.

Michel Perreault, chercheur à l’Institut universitaire en santé mentale Douglas, et son équipe ont développé une expertise unique et mis en place un programme de formation croisée innovateur au CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal sur les troubles contomitants de santé mentale et de toxicomanie. L’équipe VISEV est heureuse d’avoir pu mettre cette approche à profit pour l’événement du 10 novembre 2015 sur l’utilisation des mesures de contrôle.

Saviez-vous que…

L’équipe de Michel Perreault tenait, le 27 novembre 2015, sa treizième session d’échanges dans le cadre de son programme de formations croisées à l’Institut Douglas…

L'événement du 10 novembre a été rendu possible grâce à de nombreux partenaies, parmi lesquels...
Gouvernement du Québec : Fonds de recherche en santé, CIUSSSODIM et CIUSSS EDIM
Institut universitaire en santé mentale Douglas
Institut universitaire en santé mentale de Montréal
Institut Philippe-Pinel de Montréal
SOFEDUQ

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